warning Une erreur s'est produite !
Apprivoiseurs Eclaireurs Ermites Fouineurs Gardiens Techniciens Habitants

:cdh:
LeDa
08-11-2020 à 22:31
Pas de chroniques
Pas de chroniques
Pas de chroniques
Pas de chroniques
Les Techs
Thibaut3000
07-12-2020 à 20:18
Pas de chroniques

Le soleil brillait encore lorsque je franchis enfin les portes de la ville. Mes dernières appréhensions étaient restées dans le désert, mais néanmoins il me fallut quelques minutes afin de retisser un semblant de lien avec la civilisation. Je restais là, immobile, à observer l’effervescence joyeuse de cette nouvelle ville. Il me semblait reconnaitre certains visages, surement croisés dans quelques vies antérieures, mais rien n’était moins sûr.
J’époussetai mes bras, mes jambes, ma poitrine, afin de faire disparaitre de ma peau cuivrée les derniers grains de sable épars. On a beau se moquer de ce que pensent les autres, ressembler à un ermite pouilleux n’a jamais bien servi pour nouer des relations sociales.
Mon bouclier blanc argenté avait fait ma renommée, et dans diverses cités, étaient chantées les louanges du gardien d’iridium. Comme toutes les légendes, la mienne frisait l’hyperbole, mais hormis la cajolerie de mon âme, ma réputation un brin galvaudée m’a déjà extirpé de nombreuses situations mal engagées.
Mais il faut maintenant décentrer mon vil égo, si je veux pouvoir commencer à servir cette ville. En fier compagnon de la communauté, un peu plus utile que ces crasseux de bichons maltais.
Je sais que chacun des héros a longuement réfléchit aux implications de notre engagement. Il s’agit d’un chemin sans retour, une partie truquée dans laquelle la victoire est hors de portée. La mort seule pour récompense à la fin de nos existences.
Chacun de nous aurait pu rester dans le désert et résister quelques nuits de plus, voire même des années. Mais à quoi bon survivre si c’est pour rester camouflé à couvert d’une capuche, ou enfoui dans une tombe. Les vrais héros savent regarder chaque nuit la mort en face, en tête à tête avec les voraces.
Lorsque tomberont nos boucliers et que cèderont tous nos piliers, il restera encore nos corps alignés pour repousser les zombies par milliers. Nous monterons alors la plus haute des murailles, bien plus vite qu’un fouineur creusant vainement son tas de sable.
Oui mes valeureux amis, peu importe notre destin sinistre, aujourd’hui débute l’apogée métallique.
Le temps était venu pour moi de rentrer dans l’arène, les autres gardiens s’affairaient déjà aux mille taches essentielles que nécessitait une ville avant le premier jour de combat.
Trois d’entre eux scrutaient attentivement le désert alentour, je pouvais presque voir dans leurs têtes, les tours et les détours qu’ils nous forceraient à faire demain, aux premières lueurs de l’aube, afin d’y trouver de quoi nous subsister !
Cinq autres débattaient vivement de la stratégie à adopter pour survivre un mois entier face aux hordes déchainées, bizarrement les seuls mots que j’arrivais à saisir de leur conversation débridée étaient transparence et underboobs, ce devait sans aucun doute être de nouvelles stratégies à la mode.
Mais soudain toutes les conversations cessèrent, une nuée de corbeaux venait de se poser sans bruit au centre du village, précisément là où nous avions creusé un puits majestueux. Un à un chacun de ces vils volatiles s’abreuva lentement de notre précieuse boisson. Totalement abasourdis, aucun d’entre nous ne réagit durant de longues secondes, jusqu’à ce qu’un gardien nommé @Chubakan se décide à intervenir enfin.
Il prit à deux mains son bouclier en « cuivre du diable », et le jeta promptement dans l’amas de corbeaux. Ces derniers s’envolèrent sans demander leur reste, emportant avec eux notre fugace euphorie.
Ce funeste présage n’annonçait rien de bon, mais avant que nous n’ayons eu le temps de nous apitoyer, une auguste gardienne qui se faisait appeler @Turt22 prit la parole :
-« Nous sommes quarante gardiens métalliques, unis et réunis pour la gloire de notre métier, ce ne sont pas quelques minuscules corvidés qui vont réussir à nous faire flancher ».
Elle leva alors son bouclier de cuivre, parfaitement accordée à sa chevelure auburn, et toutes les gardiennes et les gardiens rassemblés, levèrent à leur tour leur pavois en criant à l’unisson :
-« Aujourd’hui débute l’Apogée Métallique. »
La nuit avait aggloméré entre elles les ombres de la ville, en réaction les gardiens s’étaient attroupés à côté d’un grand feu. La danse des flammes et la chaleur du foyer réveillant en eux leurs sens artistiques. Seul @ICEBERG, le maire de la ville, restait étonnamment en retrait, perdu dans ses pensées, lors du brasier ardent.
Tandis que les jongleurs répondaient aux acrobates et que les cracheurs de feu succédaient aux troubadours, la quiétude s’emparait de moi, me sentant pour la première fois depuis bien longtemps de retour dans ma véritable famille. Je contemplais mes compagnons d’infortune, les gardiens chevronnés faisant admirer leurs nombreuses cicatrices aux néophytes fascinés, pendant que les gardiennes expérimentées tentaient de dissiper l’appréhension des novices angoissés.
Je sentis alors qu’il était de mon devoir, de transmettre aux nouvelles générations, la tradition des gardiens, ce supplément d’âme qui fait de nous les plus vaillants des héros. Je me redressai alors lentement, levant bien haut mes bras pour réclamer le silence, qui ne tarda pas à arriver.
Dans quelques minutes eux aussi connaitront l’histoire des gardiens.
-« L’histoire que je souhaite vous conter remonte à une ère que bien peu d’entre vous ont pu connaitre, les héros étaient très rares, et pas franchement communautaires. Je n’étais moi-même qu’un simple citoyen, le monde ressemblait à un immense désert, et la mort n’était plus vraiment définitive, mais nous n’avions pas encre compris pourquoi. »

Les gens commençaient à se regrouper dans des villes pour tenter de survivre, j’étais un peu jeune, et surtout persuadé que tout allait bientôt s’arranger ; je crois qu’aujourd’hui je donnerais tout pour retrouver un peu de ma défunte naïveté.

Après avoir vagabondé des jours durant dans le désert à la recherche d’un abri, j’ai enfin pu me réveiller sur un modeste lit de camp, dans un espèce de cloaque affreux. Près de moi des dizaines d’autres sommiers étaient rassemblés, quelques personnes étaient encore endormies, d’autres se regroupaient au centre de la ville, quelques-uns étaient déjà dans le désert à tamiser le sable désespérément.
Voguant un peu au hasard, dans mon nouveau refuge, je m’approchais d’un petit groupe s’étant formé, sur une minuscule place. Les habitants étaient à l’écoute d’un héros lancé dans un long discours qui semblait tous les fasciner grandement. Je m’avançais pour mieux entendre.
Dans sa harangue, l’orateur disait s’appeler Jonas, il nous annonçait la fin du monde, ainsi que notre massacre imminent, les zombies étaient envoyés chaque jour plus nombreux afin de nous faire expier nos fautes, ils étaient l’ultime fléau devant mettre fin à l’humanité.
La foule grossissait de plus en plus, écoutant Jonas avec attention, les yeux écarquillés, gobant chacune de ses paroles comme s’il était le nouveau messie.

Il était certain qu’il ne manquait pas de charisme, sa longue bure avait une large capuche qu’il gardait partiellement relevée, on pouvait néanmoins distinguer son visage carré surmonté d’épais sourcils, son nez épaté et ses cheveux bruns. Mais le détail qui retenait le plus l’attention était ses yeux sombres, brillants d’un éclat d’obsidienne. Son regard était direct et chaque spectateur pouvait avoir l’impression qu’il ne parlait qu’à lui seul. Il avait une voix grave et puissante, le timbre de sa voix était presque hypnotique et il martelait son laïus de façon très cadencé.
Maintenant qu’il avait réussi à captiver son auditoire, Jonas baissa progressivement le son de sa voix, adoptant un ton plus apaisant. Il expliquait à présent qu’il nous restait une dernière échappatoire, à condition bien entendu que nous sachions faire preuve de repentance, que nous en appelions humblement à la miséricorde du tout puissant, en espérant, peut-être, sa clémence. Pour cela il fallait faire preuve de foi, que nous prouvions que nous étions digne d’être sauvés. Si nous l’écoutions attentivement, il nous montrerait le chemin, il fallait lui faire confiance, et accepter sans condition son autorité.

La situation m’amusait follement, encore un charlatan profitant de la détresse de ses congénères afin de se rendre important. Nous avions assez de problèmes comme cela sans y rajouter de la religion. Je sortis donc de la ville afin de trouver quelques ressources pour subvenir à nos besoins.

Ce ne fut qu’à la nuit tombée que je fus de retour, étonnamment il y avait toujours autant de monde sur la place. Les ouvriers revenaient ici après avoir travaillé aux chantiers, de même les expéditeurs ne restaient pas se reposer dans leur lit de camp, mais préféraient écouter les paroles de Jonas, qui continuait inlassablement son sermon.

Une sorte d’estrade avait d’ailleurs était construite à la va-vite, pour que tous puissent voir le héros, tranquillement assis sur un rocking chair. C’était vraiment ridicule, je m’avançais vers la tribune pour leur signifier mon agacement devant leur puérilité, jusqu’à ce que j’entende la prêche en cours, je me stoppais net, en restant bouche bée !

Jonas proposait maintenant de sacrifier une personne afin de faire offrande à l’être suprême. Un tirage au sort désignerait l’être élu, qui serait offert aux zombies pour repousser le divin fléau.
J’étais complètement sidéré, mais comme aucun de mes concitoyens ne réagissait, je me disais que je devais avoir mal compris. Mais déjà le héros reprenait sa funèbre oraison sur la fin du monde, et sur la nécessité d’avoir la foi. Décontenancé, je repartis sans mot dire à mon lit de camp, je devrais sûrement trouver des choses plus intéressantes à y faire plutôt que d’écouter de telles fadaises.
Quelques heures plus tard, un grand brouhaha provenant de la place me fit sursauter, il n’était pas encore minuit, ce ne pouvait pas être déjà les zombies. Intrigué, je retournais sur la place, où un attroupement ne s’était toujours pas dissipé.
En m’approchant je pus distinguer trois hommes tenant fermement une jeune femme, pour l’empêcher de se débattre. Elle hurlait, se remuait en faisant de son mieux pour leur faire lâcher prise, mais rien n’y faisait, les hommes maintenaient leurs prises.
La foule criait encore plus fort, visiblement prise de frénésie. Elle était dans un état d’exaltation violente, et réclamait le sacrifice. Je demandais à mon voisin ce qu’il se passait, il m’expliqua avec enthousiasme que la jeune fille avait été désignée afin d’être sacrifiée pour notre salut, il semblait terriblement excité à cette idée. Complètement atterré, je regardais Autour de moi pour m’apercevoir que personne dans la foule ne faisait mine de secourir la jeune fille.
C’était vraiment trop, il me fallait intervenir, j’interpellais alors Jonas :
-« Est-ce ainsi que tu veux nous faire survivre ? En nous sacrifiant un à un ? Suis-je le seul à trouver aberrante cette idée ? »
La foule se tut immédiatement, même la jeune fille cessa de se débattre, tous se tournèrent vers Jonas afin de scruter sa réaction.
Ce dernier se leva alors de son siège, et me fixa longuement afin d’essayer de me mettre mal à l’aise. Son regard était transperçant, et le silence, lourd et pesant, semblait subitement consistant.
-« Nous réalisons ce qui doit être fait, cette épreuve est nécessaire, notre foi doit être testée. Je suis votre guide et si vous n’acceptez pas votre destinée, notre monde est condamné » déclama cérémonieusement Jonas.
La foule l’acclama aussitôt, une telle ineptie me laissa sans voix. Pourquoi les citoyens réagissaient-ils ainsi ? Ne comprenaient-ils pas que ce sacrifice était sans retour ?
Mes mots ne semblaient pas les atteindre, ils coulaient sur eux comme la pluie ruisselle sur les feuilles. J’étais complètement pris au dépourvu, la foule agissait vraiment de façon consternante.
Après être resté figé plusieurs secondes, je décidais d’effectuer un acte désespéré. Je courus vers les trois hommes détenant la jeune fille, dans une ultime tentative de libération. Mais je ne pus arriver jusqu’à eux, un violent choc à la tête me fit vaciller quelques instants, avant que je ne m’écroule lourdement sur le sol.
Je revins à moi de longues minutes plus tard, j’étais à mon tour tenu par deux gaillards. Nous étions en haut de la muraille, Jonas était près de moi sur ma gauche, et le reste de la foule était amassé aux alentours, personne ne manquait une miette du spectacle qui se déroulait en contre bas.
Je baissais la tête à mon tour pour m’apercevoir avec horreur que la jeune fille était maintenant attachée, la tête en bas, sur des planches clouées en croix, le sang avait afflué à son visage et elle ne semblait plus avoir la force de crier.
Jonas se tourna vers moi, un sourire carnassier lui déformant le visage, il murmura à ma seule intention :
- « Admire mon pouvoir, sache que nul ne peut m’arrêter, encore moins un frêle citoyen comme toi »
Il se redressa pour s’adresser au reste de la ville :
-« Voici la première épreuve devant servir de socle à notre foi, que chacun de vous observe attentivement, que personne ne détourne les yeux durant l’attaque, observez le mal à l’œuvre. Vous en sortirez tous purifiés. »
Il se tourna vers l’horizon, au loin apparaissait déjà la horde, qui s’avançait en déplaçant un immense nuage de poussière, elle se rapprochait lentement mais inexorablement.
Un citoyen descendit fermer les portes de la ville, puis remonta très vite pour ne rien manquer du spectacle.
La foule se calma, laissant réapparaître le silence de plomb, brisé seulement de temps en temps par les faibles gémissements de la suppliciée. Je sentais les battements de mon cœur qui s’accéléraient au fur et à mesure de l’approche des morts vivants. Le sentiment d’impuissance augmentait encore ma frustration, et je sentais monter en moi une colère froide, mon estomac se contractait, mes dents se serraient, mes muscles se bandaient, mes pensées se dissipaient laissant mon esprit dur et sec comme de la roche.
Les zombies furent rapidement là, le nuage sembla s’arrêter à quelques dizaines de mètres de la ville. La poussière retomba peu à peu, ils n’étaient qu’une centaine de mort vivants. Certains étaient encore assez bien conservés, pour que l’on puisse deviner le genre auquel ils appartenaient autrefois, mais la plupart n’étaient plus que des corps décharnés, auxquels il manquait tellement de lambeaux qu’ils en étaient totalement asexués.

L’attente se prolongea encore, les zombies restaient immobiles telles des statues de cire, ils semblaient attendre un signal. J’étais maintenant dans un état de calme absolu, je ne ressentais plus rien, je ne pensais plus, insensible aux stimuli extérieurs. Seul le silence résonnait encore de façon assourdissante dans mes oreilles.
Soudainement, les zombies reprirent leur marche en avant, la jeune fille se mit alors à hurler de terreur, éclatant le silence comme se brise un miroir. Le temps sembla alors reprendre son cours, la foule se défigea et se mit à pousser des cris, alléchée à l’idée du carnage à venir.
La jeune fille nous supplia d’ouvrir les portes en pleurant, puis nous maudit tous, avant de recommencer à nous implorer de l’épargner
Alors que la tension était à son comble, les portes de la ville s’ouvrirent subitement. Tous les habitants se figèrent avec effroi, regardant les morts qui eux n’avait pas cessé leur marche et n’étaient plus qu’à quelques mètres de l’enceinte de la ville.

Elle sortit alors entre les portes ouvertes, c’était la première fois que je l’apercevais, mais ce souvenir restera gravé en moi à tout jamais. Elle portait seulement une longue robe argentée, déchirée de multiples accrocs par la rudesse du désert. Son pas était sûr et son port de tête bien droit, la peur semblait glisser sur elle, même lorsqu’elle se positionna entre la jeune fille attachée et les zombies qui s’étaient stoppés brusquement.

Le statu quo se prolongea plusieurs minutes. Du haut de la muraille, je distinguais nettement son sourire gracieux, quelque peu incongru au vu de la situation. Elle tendit alors son bras droit devant elle, sa paume ouverte à seulement quelques centimètres d’un zombie la contemplant de ses yeux morts, la bouche grande ouverte. Elle ouvrit alors la bouche pour la première fois :
-« Partez ! »

Sur cette simple injonction, les morts vivants se tournèrent mollement dans la direction opposée, puis repartirent petit à petit de leur lente démarche saccadée.
Plus aucun bruit ne résonnait dans la ville, mes deux cerbères étaient bouche bée, comme l’ensemble des habitants. Le moment était venu de leur fausser compagnie. Sans réfléchir, je saisis celui de gauche par son avant-bras, et d’un mouvement de rotation, je le fis basculer par-delà la muraille. Je me tournais ensuite vers le second bonhomme, qui n’avait toujours esquissé aucun geste, je lui attrapais la jambe gauche, et le fis tomber lui aussi dans le vide, au niveau des portes de la ville.

Le bruit sourd de leur chute, fit se tourner à nouveau les zombies qui reprirent leur marche vers la ville. Sans attendre, je me précipitais en bas de la muraille, en direction des portes de la ville, en attrapant un couteau au passage.
Je franchis en courant les portes de la ville, j’espérais pouvoir retenir les zombies du temps qu’elles puissent rentrer en ville. Mais alors que je les dépassais, la femme à la robe argentée me retient par le bras, sa prise était douce mais ferme, elle me sourit avant de me dire :
-« Laisse les, aidez-moi plutôt à la libérer »
Un peu décontenancé, je tranchais les liens de la jeune fille avec le couteau, elle s‘effondra alors, à moitié consciente, du temps que le surplus de sang reflue de sa tête.
Pendant ce temps, les zombis avaient rejoint le premier garde qui était tombé depuis la barrière. Il s’appelait ATLAS101 me semble-t-il. Il fut mordu au niveau de la jambe, une gerbe de sang gicla l’instant d’après, il poussa un hurlement tellement strident, que la foule toujours rassemblait sur la muraille frémit. Deux autres zombies se jetèrent sur le malheureux, stoppant net son cri en lui arrachant une partie de la gorge, l’instant d’après une masse de morts vivants la recouvrit, masquant l’horreur à nos yeux.
Alors que j’aidais la dame à porter la jeune fille, qui était toujours dans les vapes, le second molosse qui semblait s’être blessé lors de sa chute, m’implora de l’achever avant que les zombies ne s’attaquent à lui. Je serai le couteau dans ma droite afin d’accéder à sa requête, même si l’idée qu’il se fasse dévorer ne me dérangeait pas plus que cela, lorsqu’elle me retient une nouvelle fois, pour me dire :
-« Ne laisses jamais la fureur guider ton bras ! »
Alors que j’hésitais encore, elle raffermit sa prise sur mon bras, fronça légèrement les sourcils, mais sans se détacher de son sourire. Je n’avais pas encore remarqué ses yeux émeraude, mais son regard suffit à faire disparaitre en moi toute velléité de vengeance. Elle ajouta seulement :
-« Je connais le prix de la colère »
J’aidais alors mon ancien geôlier à se relever, et nous franchîmes tous les quatre les portes de la ville, que je refermai promptement.
Nous étions maintenant en sécurité, enfin tout du moins les zombies ne risquaient plus de nous dévorer dans l’immédiat, et les fanatiques ne nous avaient pas encore étripés. Ce qui dénotait une amélioration non négligeable de notre situation, qui était un peu plus alambiquée quelques minutes auparavant.
Malheureusement Jonas ne tarda pas à descendre du haut de la muraille, suivi de près par le reste de la ville. La coalition punitive s’arrêta à quelques pas de nous, deux hommes et une femme sortirent du rang sans mot dire, et les bonshommes se saisirent de l’estropié, toujours allongé devant nous, afin de, je l’espère, l’amener à l’infirmerie. La femme quant à elle se rapprocha de la jeune fille, ex-sacrifiée, je levais immédiatement mon couteau dans sa direction. Nullement décontenancée, la femme écarta seulement les bras, pour montrer qu’elle était désarmée et continua à avancer dans notre direction :
-« Je m’appelle Louvenya, et je veux seulement m’assurer que cette pauvre enfant n’a pas besoin de soin »
Embarrassé devant ses yeux bleus d’une douceur évoquant l’infini, je baissais rapidement ma tête et mon couteau, lui faisant signe qu’elle pouvait s’approcher de la jeune fille.
Pendant ce temps-là, la dame à la robe argentée, avait conservé son sourire ingénu. Je commençais un peu à m’inquiéter de sa santé mentale, mais lorsqu’elle se tourna vers moi, et que la plissure de ses lèvres s’élargit encore, le feu me monta aux joues tellement vite que je décidais de m’intéresser au groupe souhaitant diligemment nous mettre en pièce.
Jonas nous observait, même avec sa sombre capuche relevée, je pouvais distinguer son regard noir tentant de nous abattre sur place. Quelques instants plus il se décida à parler :
-« Vous avez empêché le sacrifice purificateur, et attiré sur nous l’opprobre du tout puissant. Vous devrez maintenant répondre de vos actes »
Il se tourna alors vers les citoyens pour leur ordonner :
-« Emparez-vous d’eux »
Un ange passa, puis deux hommes à l’air pas commode, marchèrent vers nous.
Alors que je serrai toujours plus fort mon couteau, la dame à mes côtés, sans se départir de sa mine joyeuse, leva légèrement le menton pour toiser le danger.
Arrivés près de nous, les deux hommes se retournèrent :
« Je m’appelle @HixHess, et lui c’est @Darthwolf, il faudra nous passer sur le corps, si vous souhaitez vous approcher d’eux »
Un murmure parcouru l’assemblée, et se transforma rapidement en brouhaha. Jonas qui avait attrapé par le bras un citoyen et commencé à le secouer, fut promptement repoussé et finit le cul par terre, avant que quelques-uns de ses derniers partisans ne viennent le relever.
La foule se dispersa rapidement, l’intermède terminé, chacun recommença à vaquer à ses occupations.
Dépité par la tournure qu’avaient pris les évènements, Jonas se renferma sur lui-même, ses plus fidèles acolytes restèrent néanmoins près de lui, en signe d’adoration, ils arborèrent à leur tour une longue robe avec une capuche, les dissimulant aux yeux du reste de la ville. Ils ne participèrent plus à aucune activité de la ville, gardant pour eux chacune de leurs trouvailles.
La jeune fille se remit rapidement de ses émotions et rejoignit sa famille, qui comme la majorité de la ville, égrenait le désert de façon acharnée, afin de pouvoir se sustenter.

Heureusement pour la ville, chaque soir, la dame à la robe argentée se tenait en haut des remparts, et armée de son seul sourire, elle maintenait à distance les hordes chaque soir plus colossales. Et nous étions là près d’elle, @Louvenya, @HixHess, @DarthWolf et moi. Au fil des soirs, d’autres nous avaient rejoint ils se nommaient : @Karamelles, @exclusif, @makura, @TRADER, @Napa, @petamouche, @PegatriX, il y avait aussi un petit garçon espiègle, qui s’accrochait à la robe de la dame à la moindre occasion.
Après quelques jours Jonas et ses fidèles quittèrent la ville, à la recherche de nouvelles contrées à évangéliser. Le héros ne dit mot, seul un de ses compagnons nous lâcha un sarcasme :
« Nous partons en éclaireurs, rejoignez-nous avant qu’il ne soit trop tard »
Aucun ne revient jamais dans notre belle cité.

Le père de la jeune fille avait déniché un ancien avant-poste militaire tout près de la ville, il y avait découvert un stock de pelles qu’il avait distribué à toute la ville, depuis la banque regorgeait de ressources. Les explorateurs s’étaient surnommés ironiquement les fouineurs, car tout le désert alentour était maintenant parsemé de multitudes de trous, que la brise nocturne n’arrivait pas à combler.
Mais évidemment, le paradis ne pouvait pas durer, le ver finissant toujours par sortir de la pomme. Au bout de quelques semaines, les fouineurs nous reprochèrent de ne pas être assez utiles à la ville, que nous passions nos nuits à la belle étoile alors qu’eux trimaient toute la journée sous une chaleur accablante.
Malgré nos tentatives d’explication, le divorce fut rapidement consommé, et nous dûmes quitter la ville dès le lendemain.
L’ambiance de notre groupe était un peu morose, et pas grand monde ne discuta durant les premières heures.
Ce fut le petit garçon, qui loin des vaines arguties dont raffolent les adultes, réussi à briser la glace, il s’approcha de la dame à la robe argentée pour lui dire :
-« Quand je serai grand je serai ton ange gardien »
Encore une fois, la dame sourit simplement, mais l’atmosphère se réchauffa immédiatement.
« Gardien ! C’est vraiment bien comme surnom » acquiesça Napa.
« Nous serons les 12 premiers gardiennes et gardiens de la Dame » indiqua @petamouche
-« Oui et moi plus tard je serai le plus grand de tous ! » reprit l’enfant
@HixHess attrapa alors le jeune garçon, pour le mettre sur ses épaules :
« Mais oui mon petit! »*
@Karamelles lui fit un clin d’œil, avant de lui lancer :
« Et qui sais peut-être même que tu deviendras maire d’une cité de gardien! »
« Ah ça plutôt crever » dit le petit @ICEBERG en crachant par terre !